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voici un article de la voix du Nord sur la gréve des mineurs de 1963
Des enfants ont été accueillis à Goussainville et recherchent leurs familles d accueil de l 2poque
Si certains ont connu les évenements et s 'en souviennent ils peuvent contacter le journal
Et qui sait peut etre y aura t il des retrouivailles .....
BASSIN MINIER
Quand la France ouvrière accueillait à bras ouverts les enfants des mines
En mars 1963, une grande grève de mineurs se déclare dans le Nord - Pas-de-Calais, en Lorraine et dans le Centre. Elle durera 35 jours. Pour leur épargner un quotidien de plus en plus difficile, des milliers d’enfants de mineurs grévistes sont envoyés dans des familles d’accueil. Bernadette, fille d’un mineur de la fosse 3 de Liévin, avait 10 ans à l’époque.
Par Anne-Lise Teneul | Publié le 22/08/2017
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Bernadette montre le seul souvenir qui lui reste de ce séjour à Goussainville, dans le Val d’Oise : une photo de la famille Thétar, qui accueillait son frère Jean-Pierre. Le petit garçon figure en bas à droite. Bernadette est à côté.
Malgré les années qui ont passé, Bernadette se souvient encore avec précision de sa descente du car, à Goussainville, ce jour de mars 1963. « Nous étions tout un groupe d’enfants, avec nos valises. J’ai vu arriver deux jeunes hommes d’une vingtaine d’années. Ils ont demandé s’il y avait des frères et sœurs parmi nous. J’ai levé la main. Mon frère Jean-Pierre et moi les avons suivis. » Voilà comment Bernadette Vilet, petite Liévinoise de 10 ans, a posé ses bagages chez la famille Poulaine (ou Poulenne, elle ne se souvient pas de l’orthographe exacte). Son frère, âgé de 7 ans, a été accueilli chez les Thétar, « un peu plus loin dans la même rue. Ils avaient fait en sorte de ne pas trop nous séparer. »
« Au départ, je pensais qu’on partait pour quelques jours. Au final, on est resté plus d’un mois »
Tous ces gamins du Pas-de-Calais qui ont débarqué ce jour-là à Goussainville étaient des enfants de mineurs. Ils ne venaient pas là en colonie de vacances, mais pour échapper aux privations liées à la grève qui s’était déclarée dans tout le bassin minier, le 1er mars 1963.Une grève longue et éprouvante. « Les salaires ne tombaient plus. Pour les familles, c’était très difficile à vivre », se souvient Gérard, le mari de Bernadette, lui aussi fils de mineur. Pour aider les familles, syndicats et associations se mobilisent : distributions de lait pour les nourrissons, de bons d’alimentation… Des communes et organismes de la France entière se manifestent également et s’organisent pour pouvoir accueillir des enfants de grévistes, dans des centres ou des familles d’accueil.
« Au départ, je pensais qu’on partait pour quelques jours, raconte Bernadette. Au final, on est resté plus d’un mois. La dame qui m’accueillait était une veuve qui avait quatre grands enfants. Elle travaillait dans un moulin. Ce n’était pas une famille riche. Mais ils ont accepté de me garder tout ce temps, c’était vraiment de la solidarité ouvrière. » Bernadette garde un bon souvenir de ce long séjour. « J’ai eu la chance de tomber dans une famille où il y avait de la jeunesse, c’était gai. Il y avait Marie-Claude, qui travaillait dans une bijouterie, Gérard, Gilbert, qui faisait son service militaire. Et puis la plus jeune, Claudine, qui avait 15 ans. On allait chez une de ses copines qui avait un tourne-disque. On écoutait les disques yé-yé, Claude François, Johnny… » La petite Liévinoise, une fois revenue chez elle, n’a plus jamais eu de contact avec la famille de Goussainville. « J’aimerais bien savoir ce qu’ils sont devenus. Je voudrais bien aussi retrouver d’autres enfants de mineurs qui ont vécu la même aventure, pour échanger quelques souvenirs. »
Si vous avez des souvenirs, des informations à partager sur cet épisode de la grève de 1963, merci de contacter le journal, qui transmettra. Tél : 03 21 14 74 74. Mail :lens@lavoixdunord.fr
Une grève de 35 jours et jusqu’à 75 000 manifestants dans les rues de Lens
1. L’origine du conflit
En 1960, le plan Jeanneney amorce le processus de la récession charbonnière. Les salaires des mineurs, auparavant indexés sur les prix, sont « gelés ». En janvier 1963, les mineurs décident de faire la grève du rendement. Le 1er mars 1963, la grève éclate dans les bassins houillers du Nord – Pas-de-Calais, de Lorraine et du Centre. Les mineurs réclament une augmentation des salaires, la quatrième semaine de congés payés et de meilleures conditions de travail.
2. Mobilisation record
En dépit de l’ordre de réquisition, la grève est suivie par une majorité écrasante : 98 à 99,7 % chez les ouvriers du fond, 60 à 76 % chez les ouvriers du jour. Cinq jours après le début du mouvement, on compte 178 000 mineurs en grève, sur un effectif de 190 000. Le 4 mars, plus de 20 000 grévistes défilent dans les rues de Lens. Ils seront 25 000 à Valenciennes, 10 000 à Douai. Le 29, les mineurs de toute la région se donnent rendez-vous à Lens pour une grande manifestation, à l’appel des syndicats CGT, FO et CFTC. Le cortège réunit plus de 75 000 personnes !
3. Une solidarité sans précédent
La grève de 1963 a donné lieu à un mouvement de solidarité impressionnant. Dans toute la France, cheminots, sidérurgistes, dockers, étudiants, etc., soutiennent le mouvement. On collecte aussi des dons pour alimenter un fonds commun de solidarité. Parallèlement, plus de 22 000 enfants de mineurs grévistes sont envoyés en vacances dans des familles d’accueil ou des centres de loisirs, grâce à la mobilisation de collectivités, de comités d’entreprises, d’associations. Certains séjours se prolongent bien après la fin de la grève, jusqu’à la mi-avril.
4. Le dénouement
Le 4 avril, les représentants de l’intersyndicale annoncent qu’un « compromis honorable » a été trouvé : 11 % d’augmentation salariale échelonnée sur neuf mois. Mais la question de la 4e semaine de congés payés est reportée. Insuffisant aux yeux de beaucoup de grévistes. Mais la reprise du travail est néanmoins décidée. C’est la fin d’un conflit qui aura duré 35 jours.