Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

La création du parti musulman agite la classe politique

Je vous rappelle cet article d Emmanuel Galiero dans le Figaro du 12/02:2015 ...

Ils se présentent aux Régionales en IDF

Vous trouverez sur internet leur profession de foi et le nom des candidats

Nous sommes fier d'incarner aujourd'hui le renouveau et le dynamisme d'une France qui avait perdu tout espoir en l'avenir et en sa politique traditionnelle.» Ces mots figurent en introduction sur le site internet de l'UDMF (Union des démocrates musulmans de France). Le nouveau parti politique, fondé en novembre 2012 par Najib Azergui, a l'ambition de participer aux élections départementales en mars et espère avoir un jour les moyens de réunir 500 signatures pour participer à une élection présidentielle. Dans sa présentation, l'UDMF souligne notamment les difficultés économiques, la «crise des valeurs» et la «perte de confiance» d'une France jugée en «état d'urgence». Son projet est de permettre aux citoyens musulmans d'apporter une «alternative».

Pour justifier l'existence de l'UDMF et de sa dimension religieuse, son président, Emir Megharbi compare son parti à ceux de la CDU (Union Démocratique Chrétienne) allemande

Angela Merkel et du PCD français (Parti Chrétien Démocrate) de Christine Boutin. «Dans la diversité sociale et culturelle qui compose notre Nation, l'islam, deuxième religion du pays, en était jusqu'alors exclus à cause de toutes une série de clichés que nous comptons bien balayer» ajoute-t-il. Huit listes seront présentées aux départementales à Strasbourg, Avion, Bagneux, Nice, Lyon, Marseille, Bagneaux et aux Mureaux.

L'existence de l'UDMF dans le paysage politique français suscite cependant des réactions contrastées et souvent hostiles. Pour Jean-Frédéric Poisson, président du PCD, il existe une grande différence entre ce projet musulman et son parti. «Nous ne sommes pas du tout dans le même état d'esprit, explique-t-il, car l'inspiration de l'UDMF semble tout droit issue d'une application stricte d'un certain nombre de principes du Coran dans l'espace public. Ce n'est pas l'aspiration du Parti chrétien démocrate.» Selon lui, le PCD n'est pas comparable parce qu'il ne repose pas sur la défense de «particularismes» mais sur les «racines de la culture occidentale», la «pensée sociale des églises», les «valeurs universelles» ou encore la «dignité de la personne humaine». Jean-Frédéric Poisson constate que l'irruption de l'UDMF sur la scène politique surgit au moment du «rallumage des des tensions» entre les religions, «alimenté à droite et à gauche». Inquiet, il prévient: «Si nous entrons dans une ère de conflit ouvert entre la République et le fait religieux, je pense que la France ne s'en remettra pas.»

«Suite logique»

Au Front national, tout en jugeant que cette apparition «très emblématique» s'inscrit comme «la suite logique de tout ce que nous vivons», Louis Aliot souligne que le projet de ce parti musulman concernant le voile se réfère à des interdits. Il y voit aussi une «base communautariste contraire, selon lui, à l'unité et l'indivisibilité de la république». Le vice-président du FN estime que la décision «appartient désormais au ministre de l'Intérieur». Il estime aussi que ce parti, dans beaucoup de villes, handicapera l'UMP et le PS appuyés, à ses yeux, sur des «minorités clientéliste très ciblées». Invitant les autorités à vérifier la légalité et les st

tuts de l'UDMF, Louis Aliot croit que les Français musulmans doivent trouver leur place dans les partis traditionnels. Il critique une «dérive très claire» et une «américanisation de notre vie politique.»

Pour Steeve Briois, maire FN d'Hénin-Beaumont, la présence de huit listes UDMF aux cantonales, dont une dans le Pas-de-Calais, est une «attaque aux fondements même d'une république laïque» car il croit que cette république «doit combattre toute forme de replis communautaristes». Il se dit encore «profondément choqué» et «abasourdi» en accusant la classe politique de ne pas prendre «ses responsabilités». Dans sa région, il pense que l'UDM n'attirera que très peu de voix et que les musulmans du Pas-de-Calais «tourneront le dos» à cette initiative.

La prophétie Houellebecq?

Karim Ouchikh, le président du SIEL (parti proche du Front national), se dit pour sa part «hostile, par principe, à tout parti politique à vocation confessionnelle.» L'UDMF est selon lui «frappé du sceau du communautarisme» et il estime que ses revendications en faveur du halal ou du voile à l'école «n'ont pas lieu d'être» dans la République. «Le dernier roman-fiction de Michel Houellebecq, évoquant la possibilité pour un président de confession musulmane d'accéder à l'Elysée, est prophétique» ajoute-t-il.

Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France (DLF) se montre lui très opposé. S'il ne conteste pas le droit pour ce parti d'exister, en revanche il considère cela comme un risque de «libanisation» du pays. «Une catastrophe, ajoute le député de l'Essonne, pour les Français musulmans qui, pour moi, sont Français avant d'être musulmans». Il espère aussi que les Français musulmans ne tomberont pas dans ce «piège monstrueux» qu'il entend combattre par les convictions. Selon lui, l'éventuelle légalité de ce parti n'empêche pas le fait qu'il puisse être critiqué. Dupont-Aignan poursuit: «S'ils réussissent, cela donnera raison à tous ceux qui pensent que l'assimilation est impossible et s'ils échouent, cela prouvera que celle-ci l'est encore. Ce que je souhaite et propose.»

Le «droit» et la «démocratie»

Au Parti socialiste, Malek Boutih, député de l'Essonne, voit d'abord l'UDMF comme une expression démocratique. «Cela n'appelle aucun commentaire car ce n'est pas gênant», confie-t-il. Il estime qu'en France, «tout le monde a le droit de prendre l'initiative qu'il souhaite sur le terrain politique et citoyen» et que cela est «toujours mieux que se replier dans la violence». Il pense également que ceux qui sont à l'initiative de ce parti «ont absolument le droit» de promouvoir le halal ou le voile et que de tels projets peuvent être combattus sur le terrain démocratique. Par ailleurs, Malek Boutih ne croit pas réaliste, sur le plan électoral, l'idée d'un parti musulman en France et qui, selon lui, n'aura «aucune conséquence sur le paysage politique». «Tant qu'on est dans les lois républicaines, on a le droit de faire ce que l'on veut», conclut l'élu socialiste.

Régionales Ile-de-France : Nizarr Bourchada défend les démocrates musulmans
source 94.citoyens.com du 12-11-2015.

« Depuis les attentats de Charlie, les Musulmans sont systématiquement perçus comme les chantres du terrorisme, de l’islamisme, de l’intégrisme, tous les mots en « isme » qui font peur. Nous voulons faire de la pédagogie pour montrer que les Musulmans de ce pays sont aussi des Français qui participent au quotidien à la vie citoyenne, économique, sociale et aussi politique« , défend Nizarr Bourchada, tête de liste régionale et val-de-marnaise de l’Union des Musulmans démocrates de France (UMDF).

Agé de 34 ans, Nizarr Bourchada est né à Boissy-Saint-Léger où il a passé toute son enfance et travaille à Villejuif comme cadre supérieur dans une fédération professionnelle. Il est par ailleurs élu municipal d’opposition à Brie-Comte-Robert. Entré à l’UDI dont il indique continuer à partager les valeurs, il a rejoint l’UMDF courant 2015. « Je n’ai pas claqué la porte de l’UDI mais j’ai pensé que je serai plus utile au sein de l’UMDF », motive le candidat.

Voir la liste de l’UMDF en Val-de-Marne

Mais pourquoi une liste étiquetée « musulmane », qui semble revendiquer un positionnement communautariste ? « Notre projet est tout sauf communautaire et nous avons aussi des personnes non musulmanes sur notre liste. Notre parti est laïque et non confessionnel. C’est marqué noir sur blanc dans nos statuts. Nous défendons l’éthique musulmane de solidarité, partage, entraide, égalité… dont les valeurs soutiennent le triptyque républicain« , réagit Nizarr Bourchada.

« Ras-le-bol de justifier qu’on est Français »

« Nous sommes Français et nous revendiquons Français, et non Tunisiens, Marocains, Syriens ou autre. Moi je suis né en France d’une mère française et j’étais donc Français avant même Manuel Valls. Alors j’en ai plus qu’assez d’avoir à me justifier d’être Français. Nous sommes Français et musulmans. Il existe aujourd’hui une écrasante majorité de Musulmans en France qui se sentent Français et veulent participer au débat. Un majorité invisible », reprend la tête de liste.

Cap sur la présidentielle et les législatives de 2017

C’est fin 2012 début 2013 qu’est né le mouvement, à l’initiative de Najib Azergui. Ce dernier souhaite alors se présenter aux municipales de Bobigny mais ne peut aboutir pour des raisons administratives. De son équipe, Hocine Hebbali intègre la liste du candidat UDI Stéphane de Paoli, lequel gagne la ville qui était PCF depuis la guerre. Depuis, Hocine Hebbali est conseiller délégué à la l’histoire locale et mémoires, en charge notamment d’un projet de musée de la colonisation dans la ville. Dans la foulée, plusieurs membres du jeune parti prévoient de se présenter aux départementales de 2015 à Bobigny (93), Bagneux (92), aux Mureaux (78), à Marseille, Lyon et encore Nice et Strasbourg. Mais la polémique enfle quant à la présence d’un parti se revendiquant musulman aux élections, à quelques semaines à peine des attentats de janvier, et les mécènes se retirent tandis que les candidats préfèrent jeter l’éponge. « Nous avons eu droit à un véritable tsunami médiatique« , témoigne Nizarr Bourchada. Préférant se concentrer sur un seul objectif aux régionales 2015, le mouvement, qui revendique un millier d’adhérents au niveau national, décide de candidater uniquement en région Ile-de-France. « Nous sommes l’une des rares listes à avoir respecté la parité non seulement au niveau des listes, obligatoire, mais aussi au niveau des têtes de liste, avec quatre femmes et quatre hommes », insiste le chef de file. Au-delà des régionales 2015, le parti a déjà dans son viseur la présidentielle. « Nous espérons récolter les 500 signatures d’élis mais restons prudents. A ce jour, nous en avons une quinzaine« , précise l’élu. A défaut de présidentielle si le parti n’obtient pas les signatures, il entend bien être présent aux législatives qui suivront.

Au programme : musée de la colonisation, versement de la moitié d’indemnité d’élu aux associations…

Parmi les trois premiers lots de mesures annoncés par le parti concernant l’Ile-de-France, la première proposition concerne la création d’un musée de la colonisation à Bobigny. « A l’heure où des relents de cette pensée colonialiste transparaissent de toute part, depuis la classe populaire jusqu’aux élites de notre pays, il nous faut agir sans plus attendre et nous mobiliser sur cet épisode tragique de notre histoire. En 2003, une proposition de loi avait été conduite par des députés de la majorité gouvernementale alors en place, sur l’œuvre positive de la présence française en Algérie. Propos inquiétant, niant une réalité effroyable d’un passé jusqu’ici trop peu enseigné et qui ressurgit de plus belle, attisé par des courants identitaires« , motive le programme du parti. Autre proposition : augmenter le parc locatif à destination des sans-abris en demandant aux 1300 communes d’Ile-de-France d’accueillir entre un SDF (pour les villes de moins de 1000 hab) et 20 (pour les communes de plus 50000 hab), afin de mettre à disposition quelques 10 000 places d’accueil. L’UMDF souhaite également renforcer les informations relatives à l’orientation au collège et au lycée et promouvoir l’apprentissage. D’autres mesures doivent être annoncées dans les jours qui viennent. Le parti engage également ses candidats à reverser la moitié de leur indemnité d’élu à une association de leur choix. « Car 2800 euros net pour une séance par mois ce n’est pas décent. La politique n’est pas un métier« , justifie Nizarr Bourchada. Voir les propositions Ile-de-France.

Liberté des signes religieux

Si le programme Ile-de-France ne fait pas mention de mesures directement en lien avec la religion, le programme national du parti prend davantage position, invitant notamment à libéraliser le port des signes religieux dans l’espace public. En exigeant par exemple le retrait de la circulaire de Luc Chatel, ex-ministre de l’Education nationale, du 27 mars 2012, qui stipule que les mères de famille accompagnant les enfants lors des sorties scolaires ont l’interdiction de porter des signes religieux ostentatoires. « Comment pouvons-nous interdire à des parents d’élèves portant un turban, un voile ou une kippa…de participer à la vie scolaire de leur enfant ?« , questionne le parti. Idem pour le port du voile des élèves. « Un état dit démocratique et laïc, interdisant à une élève voilée d’avoir accès à la connaissance, à une nounou portant le voile de garder des enfants, est en total contradiction avec nos valeurs présumées« , reprend le programme. Voir le programme national.

« Nous espérons faire voter les abstentionnistes »

Pour faire campagne, l’UMDF fait un peu de tractage et a organisé quelques réunions publiques, en plus d’un travail de communication sur Internet et les réseaux sociaux. « Nous avons un avantage, c’est que lorsque l’on se pointe au milieu du quartier Mont Mesly à Créteil, on est bien accueilli. Les autres partis se font huer« , revendique Nizarr Bourchada. « Nous espérons faire voter les abstentionnistes. Lors de notre première réunion publique à Savigny-le-Temple, en Seine-et-Marne, une soixantaine de personnes sont venues qui nous ont indiqué n’avoir pas l’habitude d’aller voter », reprend la tête de liste. La prochaine réunion publique devrait se tenir à Saint-Ouen.


Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :